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Page:Eugène Le Roy - Le Moulin du Frau.djvu/23

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ce vin de Saint-Pantaly que l’ami Cluzel avait donné à ton pauvre père… et ne les secoue pas, tu entends.

— Trois bouteilles ! fit M. Masfrangeas, et qu’en veux-tu faire ?

— Pardieu, les boire, dit mon oncle en attrapant le levraut.

— C’est trop, nous en avons déjà bu quatre.

— Ah, bah ! quatre et trois font sept ; qu’est-ce que c’est que ça à nous trois, car je ne compte pas ma belle-sœur.

Quand je remontai, M. Masfrangeas était en train de dire ses deux mots au râble du levraut. Mon oncle déboucha doucement une des bouteilles et remplit les verres, puis, prenant le sien, il le leva : Nous allons commencer par boire à la santé de l’ami Masfrangeas ! Et les verres se choquèrent, et chacun vida le sien rubis sur l’ongle.

— Eh bien ! Comment le trouves-tu, Frangeas ?

— C’est un crâne vin, du bouquet, de la finesse, passablement de corps… Cela vaut mieux que tous les bordeaux du commerce.

— Qu’on fait avec du vin de Domme et de Bergerac, acheva mon oncle. Allons, mon vieux, un autre petit morceau de cette cuisse, tiens…

M. Masfrangeas fit bien : Oh ! oh ! mais ce n’était pas trop sérieux.

Une bonne salade de chicorée à l’huile de noix vierge, pressée au Frau, avec force chapons à l’ail, termina le repas.

Puis ma mère servit le dessert : de bons petits fromages de Cubjac, des noix, des pommes, puis une tourte aux confitures et un gâteau d’amandes. Ces pâtisseries campagnardes faites par elle étaient réussies à souhait, comme le remarqua M. Masfrangeas.

Cependant, mon oncle avait toujours de nouvelles santés à proposer. Après M. Masfrangeas, ce fut sa