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Page:Eugène Le Roy - Le Moulin du Frau.djvu/25

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l’or, droit, courageux et honnête, et toujours prêt à se sacrifier pour les autres…

Et il continua ainsi un moment, faisant l’éloge de son défunt ami.

Pendant ce temps, mon oncle, les paupières abaissées, tapotait de petits coups sur la table avec son couteau, et ma mère et moi nous essuyions nos larmes qui coulaient doucement.

Il y eut un instant de silence après cette pieuse ressouvenance ; puis ma mère dit :

— Mes pauvres amis, je vais vous donner le café.

— Tiens, mon fils, me dit mon oncle en me donnant des sous, va chercher des cigares ; Frangeas en fumera bien un ou deux.

Le café était servi lorsque je revins. Je posai les cigares devant M. Masfrangeas qui en prit un. Cependant mon oncle avait tiré de sa poche sa pipe que je trouvais si jolie, et qui était tout simplement une pipe de terre avec une garniture de cuivre brillant, et un couvercle retenu par une petite chaîne ; et il la bourrait. J’apportai une braise pour allumer cigare et pipe, et puis chacun remua pour faire fondre le sucre. Après avoir vidé leur tasse à moitié, mon oncle et M. Masfrangeas firent un fort brûlot avec de bonne eau-de-vie d’Azerat. Ce faisant, ils se mirent à parler de Delcouderc qui allait passer aux assises dans quelques jours, et ils tombèrent d’accord qu’il serait condamné à mort. Pour les autres, ses complices, Marie Grolhier et Thibal, on ne savait trop.

— Ce sont tous de fameux coquins, dit M. Masfrangeas.

Là-dessus, mon oncle me dit en riant :

— Tu ne veux pas fumer un cigare, Hélie ?

— Sainte Vierge ! s’écria ma mère, y pensez-vous Sicaire ; un enfant de seize ans !

— À propos, dit MM. Masfrangeas, puisqu’il sera un