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Page:Eugène Le Roy - Le Moulin du Frau.djvu/299

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les gens d’aujourd’hui ! À ce qu’on m’a dit, depuis vingt-cinq ou trente ans, les gens comme il faut, et principalement les femmes et les jeunes gens, trouvent que ce n’est pas bon genre de manger comme faisaient leurs pères, et je boire du vin de leurs vignes. Ça n’est pas distingué de bien manger, ça engourdit l’esprit, à ce qu’ils disent ; et ils font la petite bouche, pour avoir l’air de ne vivre que de la cervelle ; et la jeunesse laisse les vins de nos crûs, pour se gorger de cette cochonnerie de bière allemande.

Misère ! avec ça que nos anciens ne valaient pas leurs petits-fils, pour l’intelligence, le courage, la force, la bonne humeur ! Je voudrais voir les crânes d’aujourd’hui, près des bons compagnons qui se réunissaient autrefois au Chêne-Vert et chez la Blonde ! Qu’on me montre dans la génération d’à-présent, sans dire de mal de personne, et sans remonter bien haut, beaucoup de bons vrais Périgordins en tous genres, illustres, célèbres, ou simplement connus, comme Desmarty, Sirey, Daumesnil, Beaupuy, Lamarque, Alary, Bouquier, Elie Lacoste, Roux-Fazillac, Jacques Maleville, Morand, Fournier-Sarlovèze, Mérilhou, Briffault, Bugeaud, Sauveroche, Lachambaudie, Morteyrol, Lambert, de Sarlat, qui a fait Lous dous douzils, et tant d’autres dont le nom ne me vient pas.

Je ne veux pas dire pour ça, entendons-nous bien, qu’il n’y ait pas de notre temps des Périgordins de valeur. Il y en a, c’est sûr, dans différentes parties qui dépassent ma portée, et dont pour cela je ne parlerai pas. Mais parmi ceux qui font honneur au vieux pays des pierres, et qui l’aiment, je nommerai, parce que je comprends son parler patois et que ses contes me plaisent, le collecteur de Sarlat, le félibre majoral Auguste Chastanet, qui a fait pour notre ébaudissement : Lou Curel de Peiro-Bufiero, Per tua