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Page:Eugène Le Roy - Le Moulin du Frau.djvu/31

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pas voir sur la porte de l’hôtel Védrenne, le curé Pinot, de chez nous, qui fumait tranquillement sa pipe en prenant le frais. Comme ça m’étonnait, mon oncle et M. Masfrangeas se mirent à rire de ma bêtise.

— Il grille plus de tabac que moi, dit mon oncle, en bourrant sa pipe.

Après avoir passé devant le théâtre bien éclairé, où on jouait La Grâce de Dieu, M. Masfrangeas proposa de prendre un verre de punch, et nous entrâmes au café Rose Beauvais.

Fayolle l’improvisateur y était justement pour lors, et il chantait une de ses chansons patoises, qu’il coupait de brocards à l’adresse des assistants.

Lorsqu’il vit M. Masfrangeas, il le salua de trois couplets patois qui se peuvent tourner ainsi :

C’est monsieur Masfrangeas,
De la Préfecture,
Qui s’est certes fait friser
Chez Jean La Verdure !

Tout le monde s’esclaffa de rire, en voyant la tête broussailleuse de M. Masfrangeas, et en pensant à La Verdure, qui était un petit perruquier du côté du Pont-Vieux, qui ne savait point seulement ce que c’était qu’un fer à friser.

— Encore ! encore ! Fayolle ! cria-t-on.

Et Fayolle continua :

Il aime le bouteillon,
C’est un franc Périgord,
Lorsqu’il voit un cotillon,
Il y court tout d’abord !

Les battements de mains et les éclats de rire recommencèrent, et M. Masfrangeas riait plus fort que les autres. Le silence un peu fait, il cria :

— Va toujours, Fayolle !