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Page:Eugène Le Roy - Le Moulin du Frau.djvu/335

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qu’ils appellent : Les Cornes, mais comme il faut se trouver là le Mercredi des Cendres tout juste, je me suis contenté de la vue de la fameuse fourche, avec ses cornes et tout son harnachement de feuillage flétri, qu’on me montra à l’auberge où ils l’avaient laissée la dernière fois.

Il se fait encore le même jour, une autre cérémonie pour les maris. On prend le pauvre emplastrum qui s’est laissé battre par sa femme ; on l’habille avec une robe, un fichu, une coiffe, on le monte sur un âne, une quenouille au côté, la tête tournée vers la queue, et on le promène par toute la ville, de la porte des Tours au sol de la Dîme, de la Barre à la porte de la Combe, de la place de la Halle à la porte Del-Bosc, toujours escorté d’une grande troupe de masques qui se moquent de lui, le brocardent, et s’en vont chantant la vieille chanson :

Adiou paouré Carnabal,
Tu t’en bas et yo demori,
Per mintza lo soup’o l’oli !

Ah, on ne s’embête pas à Domme, le Mercredi des Cendres !

Le soir, après avoir soupé avec le courtier, qui avait ses affaires de son côté, nous fûmes dans un café où il y avait un bal. On dansait là des contredanses, des bourrées, des sautières à peu près comme chez nous ; mais on y dansait aussi une danse que je ne connaissais pas, et qu’on appelle : le congo, danse très plaisante, ma foi.

Ils sont plusieurs couples de danseurs qui tournent autour d’une grande salle. Le jeune homme se présente devant une danseuse, et là, fait des pas, des entrechats, des pirouettes, arrondit ses bras au-dessus de sa tête, fait claquer ses doigts en l’air, tape du pied, enfin fait le beau, le galant, et celui qui cherche à plaire, tout comme un pigeon qui tourne