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Page:Eugène Le Roy - Le Moulin du Frau.djvu/61

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de dinde, je pris une pleine assiste de haricots bien arrosés avec de l’huile de noix. Tout le monde me regardait faire avec plaisir.

— Bien manger, dit Gustou, c’est signe de bonne conscience et de bon estomac.

Tandis que nous étions à table, la Finette tournait autour de nous, attrapant un morceau de l’un, un morceau de l’autre, et mon oncle lui fit donner le reste de la soupe, car il n’aimait pas à voir pâtir les bêtes autour de lui.

Après souper, Gustou prit la lanterne pour aller soigner nos montures, et mon oncle alluma sa pipe.

— Puisque nous faisons la noce, dit-il, donne-nous un peu de pineau, Mondine.

Et nous nous mîmes à boire, en parlant de choses et d’autres.

— La demoiselle m’a bien parlé de toi l’autre jour, tu sais, Hélie, me dit la vieille servante.

— Il te faudra aller la voir, cette pauvre demoiselle Ponsie, ajouta mon oncle.

— Bien sûr, répondis-je en demandant de ses nouvelles.

— Elle est toujours brave et bonne, dit la Mondine, et point méprisante pour le pauvre monde. On pourrait chercher à vingt lieues à la ronde, pour trouver une demoiselle qui la vaille.

— Et avec ça, dit mon oncle, elle reste à la pendille.

— Ça veut dire que les messieurs de par ici sont bien bêtes, repartit la vieille : une demoiselle comme ça !

— C’est que vois-tu, il leur faut de l’argent avec la fille, et il n’y en a guère à Puygolfier.

— Les hommes ne valent pas cher ! que veux-tu que je te dise, Sicaire.

— Tu veux dire les messieurs, hé Mondine !

— Oh ! je ne parle pas pour toi. Je t’ai assez porté