Page:Eugène Le Roy - Les Gens d’Auberoque, 1907.djvu/117

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dogne, au-dessus de laquelle flottait une légère brume. Puis c’était des massifs boisés qui suivaient tous les mouvements du sol, couvraient les coteaux, les combes, les plateaux et faisaient des taches sombres au milieu des friches, des vignes et des terres cultivées. Des clochers en flèche, à tours carrées, et d’autres plus modestes, percés dans le mur surélevé du porche, dispersés de tous côtés jusqu’aux extrémités de l’horizon, dominaient les maisons groupées à leur pied, à peine visibles dans l’éloignement. Çà et là, dans un élargissement des vallées, un amas de fumée, immobile dans l’air, décelait une petite ville, une bourgade de quelque importance. Au-dessus de tout cela, vers l’est, les lignes bleues des hauts plateaux du centre se confondaient presque avec l’azur du ciel ; et plus haut encore brillaient, éclairées par le soleil, les cimes neigeuses des monts d’Auvergne.

Quoiqu’elle eût vu les Pyrénées et les Alpes, et qu’elle fût blasée sur tout, madame Chaboin ne put s’empêcher de faire une sorte de grognement d’admiration devant ce paysage splendide.

— D’ici on voit dix-sept clochers, hasarda respectueusement Goussard.

— Il faudrait une longue-vue, fit la châtelaine. Benoite, en redescendant, vous écrirez à Michel Chevalier : une lunette très puissante…

Puis, sur la demande de madame Chaboin, le