Page:Eugène Le Roy - Les Gens d’Auberoque, 1907.djvu/144

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s’excusait nullement du retard et, très ostensiblement, engageait les gros bonnets qu’elle visitait à organiser un pétitionnement pour la construction de la station dans les prés des Palus. Elle vit successivement, outre M. Monturel et le maire M. Lavarde, M. Bourdal le notaire, M. Madaillac le secrétaire influent, M. Foussac le greffier, le « docteur » Grosjac, M. Desguilhem l’huissier, et aussi M. Caumont qui avait bien sur le cœur la froide réception que lui avait faite sa compatriote, « la Maria », mais qui n’en témoigna rien. Les autres furent arraisonnés par l’intendant Guérapin et se contentèrent d’une carte remise par M. Benoite, où l’ancienne financière de la « Mer nouvelle de Tombouctou » avait ajouté le nom de sa terre au sien :

« Madame Chaboin d’Auberoque. »

Après avoir mis en branle les autorités et les notables du bourg, madame Chaboin songea qu’il fallait agir d’un autre côté. Elle savait trop comment se décidaient ces sortes d’affaires, comment on obtenait des choses iniques, absurdes, injustifiables, pour avoir grande confiance dans la pétition qui allait se couvrir de signatures et des croix des illettrés. Dans son esprit, cette pétition, colportée par Guérapin, n’était qu’une amorce, une première base d’opérations, qui masquerait son but particulier sous le prétexte de l’intérêt général.

Depuis que madame Chaboin avait acquis la terre