Page:Eugène Le Roy - Les Gens d’Auberoque, 1907.djvu/211

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IX

Ceux qui ont vécu dans un de ces microcosmes de province comme Auberoque ne seront pas étonnés de savoir que, dès le lendemain du protêt fait par M. Desguilhem, tout le bourg était instruit de la chose. Chacun commentait ce petit événement à sa façon. Les uns, avec une satisfaction hypocritement déguisée, constataient la justesse de leurs prédictions ; d’autres triomphaient méchamment : « Ce pauvre Desvars ! que ne se contentait-il de forger des clefs et de ferrer des portes ! mais il avait voulu faire l’inventeur, le monsieur !… Qu’il invente maintenant un moyen pour se tirer de là ! » Quelques-uns plaignaient le père et la fille ; mais, pour tous, ce protêt, c’était la fin, la déconfiture prochaine, M. Desvars étant endetté jusqu’au cou.

« Sa chemise n’est pas à lui », disait M. Bourdal.

Pour la foule des indifférents, c’était un événement