Page:Eugène Le Roy - Les Gens d’Auberoque, 1907.djvu/265

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acceptée : elle était exclue de leur monde. Que n’eût-elle pas donné, la malheureuse, pour fréquenter l’aristocratie provinciale et la haute bourgeoisie ? pour recevoir chez elle, dans son château, M. le comte de Mathas ? ou le baron de la Capelle-Albier ? ou seulement M. du Combroux, qui n’était qu’un gros vilain emparticulé ? Mais la pauvre diablesse en était réduite à héberger quelques « rastaquouères » mâles et femelles : une soi-disant princesse géorgienne et sa fille promenée dans toutes les villes d’eaux ; un docteur bulgare qui n’exerçait pas, heureusement ; un duc silicien qui en eût remontré à M. Jammet dans l’art de filer la carte et de faire sauter la coupe ; un colonel grec ou mexicain, on ne savait trop, véhémentement soupçonné d’appartenir à la police secrète.

Parfois des fils de famille du pays, à peine échappés du collège des Jésuites de Sarlat, venus en excursion visiter le château, y passaient l’après-midi, retenus par madame Chaboin qui leur faisait servir une somptueuse collation, et se sauvaient le soir, comprenant, malgré leur inexpérience, qu’il s’agissait de payer leur écot en une présentation à papa.

Peu avant la pose de la première pierre de l’église, la fondatrice de la « Compagnie de la Mer nouvelle de Tombouctou » avait essuyé un affront qui l’avait profondément blessée. Auberoque était