et, dans leur exaspération jalouse, furieuses de n’avoir pas été choisies, l’ « habillaient » avec cette crudité de langage si révoltante chez la femme sans éducation excitée par la colère.
« Miss Margaret », elle, ne disait pas de mal de M. Lefrancq : elle l’aimait trop pour cela, et se contentait de pleurer « toutes les larmes de son corps » comme on dit. Comment l’amour, un amour sincère, s’était-il logé dans cette petite tête éprise de frivolités et d’anglomanie, c’était une chose difficile à expliquer, mais le fait est que la pauvre fille était très malheureuse.
Parmi la gent féminine, une seule personne approuva ce mariage : ce fut mademoiselle de Caveyre.
— Tenez, dit-elle un jour à M. Lefrancq ; voici mon cadeau de noces.
Et elle lui tendit deux lettres anonymes adressées à Michelette, car la Creyssieux avait récidivé :
— Je n’ai pas voulu laisser salir de ces ignominies l’innocence de celle que vous aimiez.
— Je vous en remercie, et je vous en suis très reconnaissant, dit M. Lefrancq après avoir parcouru une des lettres : s’il vous arrivait d’avoir besoin d’un ami, comptez sur moi.
— J’aurais voulu plus, répondit mademoiselle de Caveyre, mais je reconnais que je ne vous méritais pas.
Et elle s’en alla.