Page:Eugène Le Roy - Les Gens d’Auberoque, 1907.djvu/337

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Et tous se prirent à rire.

Une salade de pommes de terre termina le repas, puis la servante plaça sur la table des fromages de chèvre, des fruits de la saison et des tortillons. Les enfants s’en allèrent manger leur dessert dans le jardin, et les trois amis restèrent à deviser.

— Hein ! Lefrancq, vous vous souvenez de votre arrivée à Auberoque ?

— Si je m’en souviens !… Il me semble encore voir, dans cette embrasure de fenêtre, Michelette ravaudant les hardes de son père !

— Il faut convenir que vous avez eu une fière chance d’être envoyé ici.

— Il est vrai : aussi ne se passe-t-il pas de jour que je ne m’en félicite, répondit M. Lefrancq en regardant sa femme.

— Vous me feriez rougir, tous deux ! dit-elle en se levant ; je vais servir le café dans le jardin.

Tandis qu’ils prenaient le café en causant, et que la fumée bleuâtre des cigarettes montait se perdre dans le feuillage épais du tilleul, la Minotte vint trouver M. Farguette :

— Le fils Jaumard est là, disant que vous l’avez mandé.

— Qu’il approche donc.

— Eh bien, Cyprien, dit M. Farguette après avoir versé un verre de rhum au garçon, peux-tu nous mener après-demain aux ruines de Commarque ?