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III

Le lendemain, dans l’après-midi, M. Lefrancq passa de nouveau sa redingote, en bougonnant, et se rendit à la poste aux lettres, gérée par mademoiselle de Caveyre, que l’on continuait à appeler la « directrice », bien que depuis un an environ elle fût « receveuse ». Le public n’avait pas encore eu le temps de s’habituer à ce néologisme.

Il fut accueilli par une dame en cheveux blancs, d’aspect vénérable, qui le fit entrer dans une petite pièce basse de plafond, meublée d’un divan de damas rouge assez fané, de deux poufs, dont l’un recouvert d’une housse pour cacher l’usure, et de trois ou quatre chaises garnies, dissemblables, quelque peu disloquées. Au milieu, une table ronde, recouverte d’un mauvais tapis imprimé, sur laquelle trainaient, autour d’un pot à tabac, quelques romans à la couverture déchirée et un peu défraîchie. Aux murs, de grandes photographies de tableaux assez décolle-