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porté le trouble dans plusieurs ménages. On citait madame Goussard, la « belle madame Goussard », comme disait ironiquement le défunt marquis d’Auberoque.

— Voyez ! la femme de mon garde est mieux mise que la mienne ! disait-il quelquefois en riant à ses amis.

Et cela était vrai, à telles enseignes que des visiteurs étrangers s’y trompaient parfois, ce qui ravissait la vaniteuse personne.

On parlait aussi d’une dame Séguinet, de deux ou trois petites ouvrières à la journée, et d’une pauvre servante qui avait dû quitter le Cheval-Blanc à cause des suites trop visibles de sa bêtise. Mais, de fondation et en pied, M. Reversac avait la fille d’un défunt officier polonais de la Légion étrangère, petite blonde de trente ans, pas très jolie de visage, mais « bien roulée », comme disait ce polisson de John Monturel.

Les succès de ce gringalet repoussant s’expliquaient par plusieurs raisons. D’abord il avait de l’esprit, parlait bien, connaissait les femmes à fond, ne se froissait jamais d’un refus, même méprisant, et surtout savait attendre les occasions et en profiter. Et puis, il était généreux, faisait des cadeaux à ses mignonnes, et, selon les personnes, ne refusait jamais cent sous, un louis, ou un billet de cent, à l’occasion.