bataires. Puis encore, John Monturel, qui ne l’était pas moins, et le fils Lavarde, « Exupère », comme on l’appelait familièrement. Mais celui-ci venait plus rarement : il disait en goguenardant que l’âge de ces dames commandait le respect.
Là, sous l’œil maternel de la digne madame de Caveyre, on jouait au rams, on riait et on causait en prenant le thé avec des cakes for tea, que John faisait venir d’Old England en droite ligne. Les grands jours, lorsqu’on cassait la tire-lire, pour la fête d’une de ces dames, ou à la suite d’un pari, M. Reversac allait à la ville et rapportait des gâteaux et des bouteilles dans le coffre de son cabriolet. Alors, c’était une joie : on buvait du vrai champagne, ma foi, qui émerillonnait les yeux, et une douce gaieté, un agréable laisser aller régnaient dans la petite réunion. La bonne madame de Caveyre regardait tout cela avec son beau sourire indulgent, et, après avoir mangé quelques babas et avalé trois ou quatre flûtes, elle allait tranquillement se reposer, en recommandant qu’on ne veillât pas trop tard.
Et, après son départ, il arrivait que d’aucuns avaient quelque chose à se dire dans les petits coins obscurs, ou, l’été, sous la tonnelle du jardin. D’autres fois, par une belle nuit étoilée, on franchissait une brèche du mur de séparation, et on allait dans le « Bois vert », sorte de petit pourpris planté d’yeuses et de lauriers, se promener et deviser deux à deux.