Aller au contenu

Page:Eugène Le Roy - Mademoiselle de la Ralphie, 1921.djvu/142

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

les Arabes avec soixante chevaux, s’ouvre un passage et vient la secourir, ou plutôt mourir avec elle. Tous réunis, faisant le coup de feu et le coup de sabre, reculent lentement, tiraillant toujours, chargeant de temps en temps pour se dégager un peu. Dans une de ces charges, le cheval du capitaine est tué, et lui-même blessé à la jambe gauche ; il va être pris, c’est une mort certaine. Damase met pied à terre, donne son cheval à l’officier blessé, l’aide à se mettre en selle sous le feu de l’ennemi qu’il arrête un instant dans un passage difficile. Il avait reçu plusieurs balles dans ses habits et allait être pris ou tué, lorsque le feu de quelques chasseurs démontés arrête les Arabes. Il rejoint ses camarades et arrive avec eux en haut de la butte où est situé le monument funéraire de Sidi-Rached entouré d’un cimetière. Là, tous les cavaliers mettent pied à terre, placent leurs chevaux en arrière et se couchent à plat ventre pour éviter la grêle de balles qui crépite sur les murs du tombeau appelé, par métonymie, le « marabout » de Sidi-Rached. Ils ne se relèvent que lorsque les Arabes, arrivés au sommet, vont les aborder. Accueillis par une décharge générale, les assaillants hésitent : chargés à coups de sabre, à coups de crosse, ils reculent pour revenir encore. Pendant deux heures, ces assauts furieux se renouvellent plusieurs fois. Trente-sept chevaux sont déjà tombés ; quatorze hommes ont été tués, vingt-deux sont blessés, ainsi que six officiers. Parmi les blessés est Damase, qui, toujours en avant, a reçu, entre autres blessures, deux balles dans le corps en repoussant le dernier assaut. Heureusement pour cette poignée de braves, un bataillon du 32e vient les dégager.

Rapporté à Tlemcen, Damase fut quinze jours entre la vie et la mort. Lorsqu’il reprit ses sens et qu’il