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Page:Eugène Le Roy - Mademoiselle de la Ralphie, 1921.djvu/159

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Le lendemain, le commandeur de Lussac, remis de son attaque de goutte, vint à Guersac. Valérie lui avait envoyé la jument de feu M. de La Ralphie, et, sur le coup de midi, il arriva pour le dîner.

Il remarqua bien la figure, encore un peu défaite, de sa jeune hôtesse, mais il ne s’en occupa pas autrement, l’attribuant à un de ces petits malaises passagers auxquels les femmes sont sujettes, et son excellent appétit n’en souffrit pas. Le café servi, au moment où, après l’avoir dégusté, il allongeait le bras vers un flacon d’eau-de-vie de Cognac, Valérie l’arrêta.

— Vous aviez pourtant juré de n’en plus prendre, commandeur !

— Ma chère enfant, serment de goutteux et serment d’amoureux, c’est tout un ; cela s’oublie, la crise passée. Lorsque j’étais au lit, j’invoquais la sainte tempérance, mère de la santé, et, maintenant que je suis debout, toutes les bonnes choses me tentent. « Quand le péril est passé, on se moque du saint », dit un proverbe italien ; c’est mon cas.

« Maintenant, ma chère Valérie, je deviens grave, très grave… Vous voyez en moi un ambassadeur !

— Vraiment ?

— Oui ! Votre tuteur étant en enfance et votre subrogé-tuteur, au diable je ne sais où, mes cheveux gris me valent cet honneur. Sans autre préambule, j’en viens au fait. M. le vicomte Henri-Joseph Guy de Massaut vous supplie, par ma bouche, de lui permettre de venir vous présenter ses hommages. Voilà ; s’il vous convient de le recevoir, il m’accompagnera un de ces jours ; peut-être demain, si j’en juge par son impatience.

— Mon cher commandeur, répondit-elle sérieusement, dites au vicomte que je suis flattée de ses senti-