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Page:Eugène Le Roy - Mademoiselle de la Ralphie, 1921.djvu/172

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— Il manque presque toute la hampe ; mais, tel qu’il est, ce sera mon remerciement au maréchal.

— Venez le lui présenter vous-même, dit le capitaine, en emmenant Damase.

Le maréchal Bugeaud, installé sous une vaste tente marocaine, dont un large pan relevé laissait voir l’intérieur, recevait les rapports des chefs de corps. Quelques drapeaux ennemis et des armes de prix étaient déjà réunis en faisceau et surmontés par le parasol du commandant en chef de l’armée marocaine.

— Monsieur le Maréchal, voici un drapeau de plus, dit le capitaine d’Hélier qui précédait Damase, et voici celui qui l’a pris.

— Ah ! ah ! dit le maréchal avec cette ronde bonhomie qui le faisait adorer de ses soldats, vous voilà, sous-lieutenant Vital ! Vous avez montré aujourd’hui du cœur et de la poigne ; mais vous êtes coutumier du fait… Je suis bien aise que vous soyez un compatriote. Et d’où êtes-vous ?

— De Fontagnac, Monsieur le Maréchal.

— C’est tout à fait sur la lisière du Périgord blanc ; mais je vois avec plaisir que, comme nous disons là-bas, la lisière vaut le drap.

— Merci de votre bonne opinion, Monsieur le Maréchal. Je tâcherai toujours de la justifier.

— C’est fort bien dit, pays… Allons, au revoir, allez vous reposer, car vous avez bien travaillé aujourd’hui.