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Page:Eugène Le Roy - Mademoiselle de la Ralphie, 1921.djvu/175

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enfant qui s’agita en voyant briller la croix de l’officier vers laquelle il tendit ses petites mains. Damase se reconnut dans les yeux noirs veloutés du petit, et, le prenant dans ses bras, le baisait avec bonheur, tandis que la nourrice allait prévenir Mlle de La Ralphie. Celle-ci sortit en courant d’un petit salon et s’élança vers son amant qu’elle embrassa avec une furie qui effraya un peu l’enfant et le fit pleurer. La nourrice l’ayant repris, Valérie entraîna Damase dans le salon et l’étreignit de nouveau avec rage, froissant sa poitrine aux brandebourgs de l’uniforme.

— Enfin, te voici !

— Ma chère bien-aimée !

Et ils restèrent un moment en silence, les bras noués, les lèvres jointes, le cœur bondissant.

Le commandeur un peu embarrassé de sa contenance entre les deux amants était descendu au jardin. Il revint bientôt, toussant dans le corridor : hem ! hem !

Lorsqu’il entra, Damase se tourna vers lui et le salua avec une aisance militaire empreinte de déférence qui disposa favorablement le vieux gentilhomme.

— Bonjour, Monsieur, fit-il, je suis ravi de voir un officier qui fait honneur à notre Périgord.

Et il complimenta Damase sur sa belle conduite et ses succès, sans s’en étonner, et l’entretint avec beaucoup de tact de diverses choses le touchant. Et il en fallait à M. de Lussac, pour concilier la dignité de son attitude avec une large tolérance et pour oublier que le brave officier qui était là présent, la croix sur la poitrine, était l’ancien petit domestique de Guersac et l’ex-clerc de M. Boyssier.

Pendant le dîner, servi par la Martille, ils causèrent des événements d’Afrique ; et la modestie de Damase, la justesse de ses vues et le bon sens de toutes ses