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Page:Eugène Le Roy - Mademoiselle de la Ralphie, 1921.djvu/210

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pantalon, la main droite ouverte, à hauteur du front.

— Mène-nous à la chambre de ton officier.

Ils suivirent de longs corridors à arcades qui entouraient une cour intérieure. De distance en distance s’ouvraient les portes des chambres des officiers. La Douceur mit la clef dans la serrure, poussa la porte et s’effaça.

Valérie fut saisie en entrant. On eût dit une cellule de moine militaire. Les murs, blanchis à la chaux, avaient quelque chose de l’austérité claustrale. Une petite fenêtre grillée éclairait faiblement la chambre. Dans un coin, un lit de troupe étroit et dur était recouvert d’une grossière couverture de laine brune. À la tête du lit, un sabre et des pistolets étaient accrochés, et, à côté, pendait une djebeira arabe recouverte d’une peau de panthère. Au-dessus, des volumes étaient rangés sur une tablette. En face du lit, sur une planche, brillaient les éperons de deux paires de bottes. Dessous la planche, un rideau de serge recouvrait des habits militaires.

Dans un coin, sur le carrelage, les cantines de l’officier. À l’opposé, sur une petite table recouverte d’une serviette étaient placés une cuvette et un pot à eau en terre de pipe. Au milieu de l’étroite chambre, en face de la fenêtre, une autre table plus grande, en bois blanc, était surchargée de livres et de papiers. Deux chaises communes complétaient l’ameublement, l’une devant la table, l’autre au pied du lit.

Avec beaucoup de tact, le colonel s’excusa de la laisser seule un instant ; il avait affaire au quartier…

Elle s’assit sur la chaise, près de la table, et contempla avec un serrement de cœur cet intérieur pauvre et simple. Oh ! quelle noblesse de sentiments, quel dédain des choses frivoles, quelle hauteur de caractère elle accusait chez son ami, cette humble cham-