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Page:Eugène Le Roy - Mademoiselle de la Ralphie, 1921.djvu/236

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Alors, il se rendit à ses sollicitations, ravi intérieurement du chemin rapide qu’il avait fait dans l’esprit de celle qu’il considérait déjà comme sa future pénitente.

À table, l’abbé Sagnol, quoiqu’il ne se fût pas élevé bien haut, redescendit un peu sur terre. Il n’est apôtre qui tienne, un bon déjeuner, discrètement arrosé d’un vieux vin de la côte de Jaures, fort apprécié jadis d’Henri IV, dit-on, en compagnie d’une jolie femme qui cherche à plaire, c’en est assez pour réchauffer les plus froids, et l’abbé se dégela quelque peu. Valérie avait de ces jolis caquetages féminins qui étonnaient le vicaire, habitué aux plaisanteries scolastiques du séminaire et aux facéties un peu guindées, parfois, de ses confrères les curés de campagne. Vers la fin du déjeuner, il était visible que l’abbé goûtait la compagnie de son hôtesse. Toutefois, il gardait une certaine réserve ecclésiastique, souriant seulement à ses traits d’esprit et n’allant pas jusqu’au rire discret. Au café, cependant, il se surprit deux ou trois fois à lui répondre, comme elle parlait, sur le ton de la plaisanterie ; puis ils causèrent, plus librement à bâtons rompus, échangeant de ces menus propos auxquels les femmes excellent à donner une signification. Enfin, lorsque Valérie bougea sa chaise pour se lever, l’abbé, déjà remué par cette accumulation de choses capiteuses, fut secoué par une commotion inconnue en sentant la robe de son hôtesse effleurer légèrement son soulier à boucle argentée.

Il avait quelques remords en s’en retournant, le brave abbé ; il lui paraissait qu’il avait un peu oublié la mission qu’il s’était donnée, en se prêtant trop complaisamment aux grâces mondaines de Mlle de La Ralphie. Il s’en voulait de n’avoir pas gardé