Page:Eugène Le Roy - Mademoiselle de la Ralphie, 1921.djvu/252

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père spirituel, et rien que cela ? Le divin Maître n’avait-il pas relevé la femme adultère ? accueilli Madeleine, la grande pécheresse ?

Après un mois encore passé à se faire illusion par des sophismes de ce genre, et poussé fortement par ses ambitions terrestres, l’abbé Sagnol prit le chemin de Guersac.

— Mademoiselle n’est pas visible, lui dit la Martille, en conséquence de la consigne reçue le soir de sa dernière visite.

Le vicaire fut fortement estomaqué. De tous les accueils qu’il avait imaginés, chemin faisant, celui-ci était le seul qu’il n’eût pas prévu. Il resta là une minute, interdit, tandis que la chambrière souriait légèrement. Puis, n’osant insister, il revint à Fontagnac.

Lorsque la Martille alla lui dire qu’elle venait d’éconduire l’abbé, Valérie reçut une commotion, fut comme transpercée par une étincelle électrique. Un instant, elle songea à faire courir quelqu’un et rappeler le vicaire ; mais, soudain, elle se souvint de la demoiselle au portefaix et eut l’intuition rapide que ce caprice sensuel, sans idéal et sans poésie, serait le premier échelon de sa descente dans le vice brutal et l’infamie.

— Tu as bien fait ! dit-elle.

Pourtant la pensée qu’elle avait eu là, sous sa main, la satisfaction de sa fougueuse passion lui donnait des regrets ; car elle comprenait bien que l’abbé, revenant après ce qui s’était passé, c’est qu’il était vaincu, qu’il en eût conscience ou non, et se mettait, au moins tacitement, à sa discrétion. Elle se félicitait néanmoins d’avoir eu la force de résister ; mais cette satisfaction était singulièrement atténuée par la certitude que si le hasard l’eût mise