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Page:Eugène Le Roy - Mademoiselle de la Ralphie, 1921.djvu/34

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exception ; pendant le trajet, la pluie survint. M. de La Ralphie déploya le manteau bouclé sur le devant de sa selle et Damase mit une grande mante sur Valérie. Quant à lui, il continua de cheminer nu-tête, comme toujours, secouant de temps en temps son épaisse chevelure mouillée.

L’arrivée à Fontagnac désillusionna quelque peu la petite. La nuit approchait, et, sous la pluie qui tombait fine et serrée, les maisons paraissaient d’un gris sale et terne. Les rues étaient désertes et la villette triste et obscure : à peine entrevoyait-on, çà et là, derrière les petites vitres embuées de quelques boutiques, une lumière indécise.

Après avoir suivi plusieurs rues étroites et tortueuses, pavées de silex pointus, les voyageurs arrivèrent à la maison de La Ralphie, située dans la rue de la Barbecane. Damase souleva le marteau de fer et le laissa retomber sur la lourde porte qui, un instant après, s’ouvrit avec bruit. La cuisinière était là, en tablier de toile, éclairant l’entrée avec une de ces lampes en cuivre, de forme primitive, qu’on appelle un calel dans le pays. La porte donnait sur un large corridor pavé de cailloutis qui conduisait à une petite cour où se trouvait l’écurie. M. de La Ralphie, ayant mis pied à terre, prit sa fille dans ses bras, et, tandis que Damase emmenait les bêtes, monta un vaste escalier de pierre qui partait du corridor d’entrée et aboutissait à un grand palier dallé sur lequel s’ouvraient deux portes.

Arrivés dans la cuisine, où un grand feu de bois de brasse brûlait dans l’immense cheminée, le père et la fille furent débarrassés de leurs manteaux mouillés que la Mariette mit à sécher dans la pièce voisine. Un antique tourne-broche, scellé dans le mur, faisait tourner à grand bruit, sur deux énormes