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Page:Eugène Le Roy - Nicette et Milou, 1901.djvu/101

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Guillone, Jean, par un détour à travers champs, va retrouver la Nicette sous le Maine-du-Got, dans un petit fonceau en nature de pâtis, entouré de bois et traversé par un ruisselet, large comme une rigole, qui descend à la Beuse. Le lieu est joli, frais, bocager, peuplé d’oiseaux, bien caché. C’est un plaisir grand que de parler là d’amour avec sa mie. La joie de s’aimer ravit ces deux êtres ; ils s’abordent avec un sourire, et leurs regards se pénètrent longuement. Tous deux jouissent de l’heure présente, dont la douceur leur dérobe l’avenir. Il leur suffit pour être heureux, de s’être promis l’un à l’autre et d’avoir foi dans leur parole :

« À la vie, à la mort ! »

Tous deux sont innocents ; non point de cette innocence faite d’ignorance, car la nature les a de bonne heure initiés à l’universelle loi d’amour ; mais innocents de calculs intéressés, de motifs vils, de pensées coupables. Ils ne recherchent pas le plaisir charnel. L’union des corps n’est pour eux que le sceau et la consécration irrévocable d’une mutuelle affection.