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Page:Eugène Le Roy - Nicette et Milou, 1901.djvu/105

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Et le lendemain, M. Rudel, bien enseigné, descend de Chasseins et passe chez le métayer du Sol, par semblant, puis s’en va vers le moulin ruiné de Montferrier.

La petite Nicette est là, accotée contre cet arbre qu’elle affectionne parce qu’il fut le témoin muet de leurs premiers aveux. Elle pense à Jean et l’espère un peu. Tout à coup elle entend dans la châtaigneraie descendre quelqu’un, là, tout près ; elle se retourne : c’est M. Rudel.

L’enfant veut se sauver, mais ne peut, fascinée par le regard brillant du médecin et paralysée par la peur. Elle jette un cri, et des larmes lui viennent aux yeux, comme à une biche forcée.

— Petite bête ! crois-tu que je te veuille manger ? dit M. Rudel en la saisissant par le bras.

— Oh ! grâce ! grâce ! laissez-moi !… crie-t-elle en se débattant.

Lui, l’enlace par les reins ; il va l’emporter dans le taillis voisin comme un loup fait d’une