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Page:Eugène Le Roy - Nicette et Milou, 1901.djvu/110

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petites, point épaisses ; des mains à donner l’appétit du pain qu’elles ont pétri ; des mains aptes à manier le corps tendre des enfançons nouveau-nés.

Sa figure est délicate et un peu courte. Ses longs cheveux dorés sont une exception dans ce pays, où les chevelures blondes sont ternes et maigres. Sa bouche est mignarde, et ses yeux d’un beau bleu de pervenche inconnu dans ces renvers. Il faudrait aller vers le couchant, jusqu’à Sainte-Yolée, à plus de deux grosses lieues de pays, pour en trouver de pareils : vient-elle donc de cette contrée ? Elle a la jambe fine d’une limousine : viendrait-elle des pays devers Ayen, Juillac ou Ségur ? Qui le sait ? L’homme qui la portait sous sa veste ne l’a pas dit. Nulle fille ou femme n’est venue confronter avec le ruban collé au registre de la mairie un autre bout de ruban pareil. Elle est abandonnée à toujours. De ça, elle ne se chagrine point : elle a son Jean, qui lui tient lieu de toute famille, qui pour elle est son père et sa mère, et son ami bien-aimé.