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Page:Eugène Le Roy - Nicette et Milou, 1901.djvu/121

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cher. Les lourds sabots la gênent bien un peu, mais, lorsqu’elle est nu-pieds, sa démarche élastique, cadencée, le mouvement harmonieux de toute sa personne font plaisir à voir, et M. Rudel parfois la suit de l’œil comme un loup guettant une gentille ouaille.

Et puis cet air d’honnêteté qu’elle porte sur son joli visage, la modestie de son regard, sa petite bouche close par la chasteté, tout ça la lui rend plus convoitable. Il ressent à l’avance un sauvage plaisir à profaner de sa grossière brutalité les dons charmants de cette enfant innocente et vierge.

Il voudrait l’avoir comme chambrière, aux lieu et place de cette grande bringue de Marsillaque qui est chez lui depuis tantôt quinze mois, ce qui est un peu beaucoup pour M. Rudel, fort amateur de changement. Mais celle-ci, se trouvant bien où elle est, n’a nulle envie de s’en aller. Aussi M. Rudel, qui prévoyait cette résistance, a pris ses mesures en conséquence. Voilà bientôt que la Marsillaque est obligée d’élargir la ceinture de sa robe :