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Page:Eugène Le Roy - Nicette et Milou, 1901.djvu/126

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de M. Rudel. La drole a mis cette lettre entre ses deux petits seins, elle la sent là avec bonheur : il lui semble que, la recevant, Jean y trouvera quelque chose d’elle, et ça la rend heureuse.

Elle a rejoint sa mère nourrice ; les deux femmes descendent avec leurs chèvres le chemin qui s’en va passer sous l’hospice d’Hautefort, et s’arrêtent à deux ou trois portées de fusil du gué de la Beuse. La petite Nicette tire la lettre de sa poitrine et la regarde. Elle ne sait lire, la pauvrette, elle en est bien fort marrie, et interroge la grosse écriture de l’adresse :


À Monsieur,
Monsieur Jean Rudel,
cavalier au 2e régiment de cuirassiers, 3e escadron, à Meaux en Brie.


Elle se dit, la douce enfant, que si elle savait écrire, comme madame Rudel, elle ferait une lettre pour son grand ami :

« Mon Jean, je vous aime toujours et je pense bien à vous. Tous les jours, je prie le bon Dieu et la Sainte Vierge de vous garder