Page:Eugène Le Roy - Nicette et Milou, 1901.djvu/264

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contre d’un aigrefin qui lui gagne à l’écarté ce qui lui reste de son argent. Il n’a plus dans sa pochette qu’une pièce de quarante sous, un peu de monnaie et les douze doubles louis d’or qu’il n’ose montrer, de manière qu’il se décide à revenir.

Une nuit, il gratte à la porte de la vieille Légère, qui n’entend pas, pour la bonne raison qu’elle est sourde. D’ailleurs, quand elle entendrait, elle ne serait pas pour s’effaroucher d’un petit trafic qui lui donne quelques pièces de cent sous. En son temps, elle était du bon coin, comme on dit. Mais Suzou, qui y entend bien, elle, reconnaît cette autre manière de s’annoncer du grand Milou et le fait entrer dans le grenier. La pauvre petite est folle de joie ; voici quinze jours qu’elle ne l’avait embrassé, ni même vu :

— Ô mon Milou ! mon Milou !

Elle n’en sait dire davantage, tant elle est aise.

Et lui donc ! À l’en croire, il a été bien malheureux de ne pouvoir la visiter pendant ces quinze jours !