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Page:Eugène Le Roy - Nicette et Milou, 1901.djvu/274

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Ceux qui n’ont pas fait leur foire à temps gîtent dans une auberge et ne partent que le lendemain. Ceux des pays d’alentour, qui ont sur eux le prix d’une paire de bœufs ou d’un troupeau de brebis, ne traversent guère ces bois que de jour, et, de préférence, avec d’autres de leur renvers. Le lieu est bien fait pour épeurer. De chaque côté, les bois s’étendent épais, drus, avec des fourrés d’ajoncs où les loups venus de la Forêt-Barade ou bien de la Forêt de Born, se flâtrent dans le jour, pour, la nuit venue, aller à la proie. Mais ça n’est pas tant des loups à quatre pattes que les gens ont peur, que de ceux à deux pattes. Il n’est point dans le pays d’homme ayant cheminé de nuit, qui n’ait été suivi une fois ou l’autre par une bête à long poil, aux oreilles pointues, dont les yeux brillent dans l’obscurité. Sans doute il est ennuyeux de s’en aller avec un animal comme ça sur ses talons, mais ça n’est pas bien dangereux, pourvu qu’on ne tombe pas. Autre chose est des loups à deux pattes : ceux-là vous assomment ou vous donnent quelque méchant coup de couteau.