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sont des restes, maintenus par tradition, des usages et des instruments des grandes personnes d’autrefois et, par une étude attentive, restituer ainsi plus d’une réalité disparue. Quelques faits déjà éclaircis à ce point de vue prouveront l’exactitude de cette thèse.

On donne parfois encore des arbalètes aus petits garçons. La raison est simple : les hommes se sont réellement servis d’arbalètes un peu avant l’invention des fusils. Il y a quatre cents ans, les gamins ont joué au soldat avec de minuscules arbalètes comme de nos jours, pour le même jeu, ils se servent de fusils en miniature. L’arme de guerre a disparu et le jouet est resté. Si, au lieu de l’arbalète, nous prenons ou l’arc, ou la fronde, ce n’est plus à la fin du moyen âge que nous penserons, c’est à la forêt primitive où nos ancêtres nus, comme les sauvages de maintenant, n’avaient guère d’autres armes pour se détruire entre eus ou se procurer de la viande fraîche.

Ce qui mérite encore plus de fixer l’attention, Ce sont les jeus, surtout les jeus des petites filles. Grâce à leur amour de la danse et du chant, les fillettes nous ont conservé dans leurs rondes la représentation de très vieus usages qui ne se retrouvent plus aujourdhui qu’à des étages inférieurs de civilisation : anciens rites funéraires, cérémonies de cultes préhistoriques, coutumes barbares de mariage. Un bel exemple du dernier cas nous est fourni par une ronde que l’on trouvera décrite au n° 1117, page 103 de ce volume. Cette ronde est répandue dans toute l’Europe, mais notre variante wallonne est peut-être la plus pure et la plus typique[1].

  1. Voyez sur ce jeu les études de MM. Gittée dans Volkskunde 4, 123-134 (reproduite en traduction française dans Mélanges wallons Liége, 1892, 85-98) et Newell dans Games and songs of american children et Journal of american Folk-Lore 5, 70. Je n’ai pu consulter encore les travaus de M. N. que je cite ici d’après Mélusine 6, 72.