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Page:Eugène Monseur - Le folklore wallon, 1892.djvu/36

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ceus qui ont imaginé le début de ce conte, rien n’était plus naturel. Longtemps l’homme a cru que le ciel était une calotte solide[1], peu distante de la terre, soutenue par les arbres ou les montagnes et qu’une plante un peu élevée pouvait aisément atteindre. Cette conception sauvage apparaît d’ailleurs spontanément chez l’enfant. Un petit garçon de cinq ans me disait un soir en me montrant une étoile : « (Re)garde donc un peu cette belle lumière au plafond de la rue. » Notre formule usée de la voûte céleste n’est pas une comparaison. C’est le débris fossile d’une antique croyance que, tous, nous partagerions encore, si quelques astronomes de génie n’avaient fait sauter de la dynamite de leurs calculs le dôme au-dessus duquel habitaient les dieus.

De simples dictons peuvent être aussi intéressants à étudier que des contes.

En voyant une averse cinglée d’un coup de soleil, on dit, et pas seulement en Belgique, « c’est le diable qui marie sa fille »[2].

D’où vient cette manière de s’exprimer ?

Plusieurs mythologies, du moins parmi les peuples de

  1. Quelques faits anciens à l’appui : En zend et en sanscrit, le même mot açman signifie à la fois « pierre » et « ciel » et le premier de ces deus sens doit être reporté à l’époque où les ancêtres des Indous et des Européens vivaient ensemble, le grec ἄϰμων « enclume » permettant, en effet, de restituer dans le dictionnaire proethnique un mot akmô(n) « pierre », dont le sens s’est spécialisé sur les bords de la Méditerranée. En latin, cœlum et firmamentum ont signifié « voûte » à l’origine et des traces de la même conception se rencontrent chez les Sémites. (Voyez Bréal et Berger dans Mémoires de la Société de linguistique 7, 27-28).
  2. Voyez ci-dessous le n° 958.