Page:Eugène Monseur - Le folklore wallon, 1892.djvu/42

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 3 —

mètres cubes, isolé dans la bruyère entre Wanne et Grand-Halleux près de Slavelot ; D) les murs du diable à Pepinster, etc.

28. Le fais du diable de Stavelot a une légende que nous résumons d’après Pimpurniaux 1, 122-123 : Saint Remacle s’apprêtait à faire la dédicace de l’abbaye de Stavelot qu’il venait de bâtir, lorsqu’une nuit un ange envoyé par saint Martin lui fit savoir que le diable arrivait, chargé d’une grosse pierre dont il voulait écraser l’abbaye. Le saint envoya à la rencontre de Satan un de ses moines[1], qu’il avait chargé d’une hotte remplie de toutes les vieilles sandales du couvent. Le diable, arrivant à croiser le moine qui feignait la fatigue, lui demanda s’il était encore loin de Stavelot. Celui-ci, vidant sa hotte par terre, lui dit : Jugez-en vous-même, tout cela était neuf quand j’en suis parti. Le diable découragé laissa tomber sa pierre.

Les changelins.

33. On raconte à Laroche que des gens trouvèrent un jour, au bord du chemin, un enfant emmailloté et le rapportèrent au village. Une jeune femme en eut pitié et lui donna le sein. L’enfant se mit à téter, mais il tirait si fort qu’il fit mal à sa nourrice. Et elle l’arracha de sa mamelle en s’écriant : To m’ sètchreu l’âm foû do kwâr « Tu me tirerais l’âme hors du corps », ce à quoi l’enfant répliqua : O ! dji t’ tirreu k’â son « Oh ! je te tirerais jusqu’au sang ». Surpris d’entendre parler un si petit enfant, on le démaillota : il avait les pieds fendus ; mais il disparut à l’instant même.

Le feu follet.

34. Le feu follet s’appèle, dans la province de Liège, loumrot’ « petite lumière ».

  1. D’après les versions orales que nous avons recueillies, e’est saint Remacle lui-même qui va à la rencontre du diable, ce qui est bien sûr la vraie forme de la légende.