Page:Eugene Simon - La Cité chinoise, 1891.djvu/103

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déjà installé quelques-unes pour la soie et la laine, dans deux ou trois provinces. Au besoin même les Européens les y aideraient, ce qui a déjà lieu, et ils se passeraient de l’Europe. Plaise au ciel, alors, qu’ils s’en tiennent là, car le jour où ils prendraient goût à l’industrie occidentale marquerait le commencement d’un désastre épouvantable pour l’Europe. Pas d’impôts, main-d’œuvre abondante et à bas prix, les matières premières sur place, et vos engins à vapeur ! Qui pourrait leur tenir tête ? Puisque la vapeur fait le vide et diminue la main-d’œuvre nécessaire, ils vous inonderaient des ouvriers qu’elle aurait économisés ou supprimés, et si vous les repoussiez à coups de fusil au nom de l’existence de vos nationaux, ils vous submergeraient de produits bien autrement bon marché que les vôtres, et alors que leur opposeriez-vous ? — Le danger est réel et n’est peut-être pas aussi éloigné qu’on le pense. Je l’avais signalé, il y a quinze ans[1] ; mais on n’y a pas pris garde, et, j’en suis sûr, peu de personnes pourront s’empêcher de sourire en lisant ceci. Je les ajourne à vingt ans.

Il peut se faire, pourtant, que ce danger se borne à une diminution de nos importations, et qu’au pire, nous en soyons un jour réduits à n’acheter que contre de l’argent le thé et la soie dont nous aurons besoin. A moins que les Chinois n’y soient absolument forcés,

  1. Bulletin de la Société de géographie, 1869. Carte agricole de la Chine.