Page:Eugene Simon - La Cité chinoise, 1891.djvu/121

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l’univers, car, hors de l’univers infini, il n’y a rien.

Votre terre est dans le ciel, et votre paradis est sur la terre. Il dépend de vous de le réaliser. Cultivez votre âme, honorez vos ancêtres, respectez vos traditions. Que le passé et l’avenir soient devant vos yeux comme s’ils étaient. Identifiez-vous les uns et les autres dans l’humanité. N’oubliez pas que vous ne faites qu’un avec la terre, avec l’univers. Qu’aucun de vos actes ne soit une atteinte à cette unité. Efforcez-vous au contraire de la resserrer. Travailler, c’est transformer, c’est créer. Transformez tout autour de vous. Créez le sol, créez l’animal, créez la plante. Créez-vous vous-mêmes. — Tel est, en quelques lignes, ce que l’on pourrait appeler le catéchisme ou le Code religieux de la Chine, et il est, ainsi que je le disais tout à l’heure, si bien entré dans la pratique et dans le cœur de la population, que le Code civil n’est pas beaucoup plus long. Mais il est une solennité qui le résume d’une façon bien plus brève encore. C’est le Rite du Labourage. Le jour de l’équinoxe du printemps, l’Empereur est conduit au temple de la Terre. Là, debout devant l’autel, entouré des grands dignitaires de l’empire et du peuple, il fait hommage au Ciel des cinq sortes de grains que l’on cultive, selon les climats, du nord au sud du territoire, et il appelle sa bénédiction sur ces grains. De là, il se rend dans un champ situé dans l’enceinte extérieure du temple. On lui met entre les mains une charrue d’argent ; il ouvre la terre et y trace cinq sillons. Puis, on lui présente les cinq espèces de grains consa-