Page:Eugene Simon - La Cité chinoise, 1891.djvu/148

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dont il entoure ses cultures. En vérité, une mère n’est pas plus attentive aux besoins de son enfant, ne les satisfait pas avec plus d’empressement. Le plus léger indice, la moindre pâleur sont des avertissements qu’il comprend. A le voir lui porter allègrement cet engrais si nauséabond, mais qui doit réconforter la santé de sa chère récolte, on sent bien que, malgré tout, le cœur est encore plus occupé que les bras, et que le sentiment qui l’anime n’est pas de ceux que le dégoût puisse décourager. Mais ce que l’on ne peut s’empêcher d’admirer surtout, ce sont ces cultures échelonnées de la plaine au sommet des montagnes, si propres, si nettes, si soignées, que la marqueterie la plus fine, le bronze le plus fouillé, ne sont pas des œuvres plus achevées ni plus parfaites.

De la terre et de la plante, sa justice s’étend aux animaux. Les mules et les buffles, pour nous si rétifs, sont doux en ses mains et dociles à sa voix. Les fauves mêmes ne fuient pas le Chinois, et tous les Européens qui sont allés en Chine savent que, dans les districts un peu éloignés où ils n’ont pas l’habitude d’aller chasser, on pourrait tuer les faisans et les lièvres à coups de bâton. Mais les Chinois ne les tuent pas[1].

  1. Les Chinois ne sèment point leurs grains à la volée comme chez nous: ils les sèment en pépinières, dans un coin d’où il est facile de chasser les oiseaux ; ils les repiquent ensuite quand les plantes ont atteint quelques pouces de hauteur ; alors il n’y a plus de danger. C’est aussi, puisque l’occasion se présente de le dire, par le repiquage qu’ils obtiennent plusieurs récoltes, chacune d’elles n’occupant le sol que pendant un temps très court.