Page:Eugene Simon - La Cité chinoise, 1891.djvu/166

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d’existence de l’individu ou de la société. Cette loi est en l’homme ; il n’y a qu’à la laisser se développer librement. La liberté est donc la première loi, ou plutôt le principe de toute loi. — La seconde condition d’existence est la solidarité. Sans solidarité, point de société ; et sans société l’homme est impossible. — Il y a une troisième condition d’existence : l’égalité, sans laquelle la solidarité ne serait qu’un vain mot. La liberté, la solidarité et l’égalité, c’est la famille, la famille chinoise. C’est l’image de l’État, sa première phase. Tout ce qui pourrait amoindrir la famille ne serait pas une loi, mais un crime, et l’on ne saurait en concevoir d’autre que celle qui naît dans la famille, la maintient et sert à son développement. « L’État, disent encore les Chinois, n’est qu’une grande famille. » — Les conditions d’existence de la famille, je veux dire ses principes moraux de liberté, de solidarité et d’égalité, son unité, étant les mêmes partout, le caractère de toute loi est d’être universelle. Avec de telles idées, que serait, surtout dans un empire aussi vaste, la décision d’hommes venus de points si éloignés ? Ce serait l’autorité, non la loi. Rien de pire, de plus dissolvant qu’une assemblée exclusivement législative. — Avec de telles idées, ajouterai-je encore, et avec de tels principes, comment supposer, dire et écrire, ainsi qu’on le fait sans cesse en Europe, que la constitution sociale des Chinois leur interdit tous rapports avec les étrangers ? La vérité est au contraire qu’il est impossible d’en