Page:Eugene Simon - La Cité chinoise, 1891.djvu/182

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

On dit: Nous changerons tout cela. Non, nous ne changerons pas tout cela. Le Tonkin n’est pas une contrée déserte comme les contrées d’Afrique. Sa population est au moins aussi dense que la nôtre et nous ne la remplacerons pas. Or, on ne change pas plus les habitudes d’un peuple que le climat d’un pays. Quelques industriels, quelques capitalistes, quelques compagnies financières, — plutôt étrangers que français, — calculant le bon marché du coton, de la soie, du fer, du cuivre, de l’étain et autres produits par le sol du Tonkin, le bas prix de la main-d’œuvre et l’économie des distances, y introduiront, on doit le prévoir, les engins à vapeur d’Europe ; mais, excepté à eux-mêmes, à qui cela profitera-t-il ? Écoutez le cri d’alarme que jette en ce moment même la Chambre de commerce de Manchester. De quoi s’agit-il pourtant ? De quelques manufactures récemment construites à Calcutta ; mais c’est assez. Dès à présent, elle prévoit l’abandon de sa clientèle asiatique, la ruine de l’industrie nationale, la misère des ouvriers, etc. Vous parlez de l’avenir ? Le voilà: c’est le déplacement, au bénéfice de l’Extrême-Orient, des industries françaises, anglaises et autres. Je n’y vois, pour ma part, absolument rien de consolant. Qui sait même, encore une fois, si les Tonkinois et les Chinois ne viendront pas en Europe partager et augmenter la détresse de nos compatriotes ?

Je n’ai, jusqu’à présent, envisagé la question qu’à