Page:Eugene Simon - La Cité chinoise, 1891.djvu/20

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nation. — Toutes les nations anciennes dont nous avons gardé le souvenir ont disparu. Une seule vit encore, et elle est ainsi devenue l’aînée de celles qui existent actuellement. Mais elle n’est pas connue. On peut dire, il est vrai, que toutes les nations héritent les unes des autres et que, par conséquent, la France, l’Angleterre, la Russie même, ont des origines aussi reculées qu’il soit possible de les imaginer ; mais tandis que les nations modernes n’ont hérité des anciennes qu’en ligne collatérale, celle dont nous allons nous occuper a hérité en ligne directe des générations qui l’ont formée. Là est sa profonde originalité. Chez elle, les phénomènes de l’hérédité se sont manifestés régulièrement. Jamais ils n’ont été contrariés ou modifiés par des changements de milieux. L’évolution des idées et des faits, aussi certaine que celle des êtres, n’y a subi aucun ébranlement qui l’ait pu troubler. Aucune influence extérieure, aucune révélation n’est venue changer la direction de ses efforts, retarder son développement. Là, dis-je, est la profonde originalité de la Chine, là peut être aussi le secret de son exceptionnelle durée.

Eh bien ! il a paru au moins intéressant de savoir ce que, dans de telles conditions, laissé à lui-même, l’être humain a pu devenir. On veut connaître les progrès qu’il a su réaliser, l’organisation à laquelle il est parvenu, en un mot sa civilisation. Les pages qui vont suivre ont pour objet de répondre à ces désirs.