Page:Eugene Simon - La Cité chinoise, 1891.djvu/213

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il compare, il raisonne. Aux axiomes philosophiques et aux aphorismes quasi sacrés de ses premiers sages, succèdent les formules que ses lettrés, surgissant de toutes parts, ont déduites de l’observation. « L’ordre ne vient pas du pouvoir, disent-ils. — La société se gouverne du dedans au dehors. — La famille est un petit État ; l’État n’est qu’une fédération de familles. — L’État n’est qu’une société d’assurances mutuelles ; plus les assurés sont nombreux, moins les risques sont grands et plus les charges sont légères. — Le gouvernement n’est que le syndic de la société. — Rien n’est plus difficile à indiquer que les limites de son action. Essentiellement, son but et sa fonction ne doivent être que de préserver les institutions de toute atteinte intérieure et extérieure, en s’abstenant lui-même d’y toucher. — Il ne doit pas enrayer la civilisation, mais seulement maintenir sa marche dans la voie tracée par les traditions et les siècles. — Si le gouvernement se conforme strictement à ces règles de conduite, il n’aura jamais besoin de les enfreindre. — S’il les observe, les familles se multiplieront et seront en mesure de pourvoir elles-mêmes aux affaires de leurs communes et de leurs provinces, et le gouvernement n’aura point à s’en occuper. — Le meilleur gouvernement est celui qu’on ne voit pas. »

En résumé, il semble que les Chinois considèrent le gouvernement comme un étranger dont le progrès doit les débarrasser peu à peu ou tout au moins réduire le