Page:Eugene Simon - La Cité chinoise, 1891.djvu/227

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C’était, en un mot, une simple marine de défense. La mer lui était à peu près interdite. Mais depuis les échecs qu’elle a subis, la Chine a compris que ces moyens étaient insuffisants, et que, même sans se départir d’un système purement défensif, il fallait être capable de lutter au moins d’agilité contre des ennemis très bien pourvus. Elle a donc, conseillée et dirigée par des Français, des Anglais et des Américains, commencé par édifier des arsenaux de constructions maritimes, dans lesquels on a, en effet, construit quelques navires de guerre à vapeur. Cependant, elle paraît s’être aperçue, à l’heure qu’il est, qu’il était beaucoup plus économique d’acheter en Europe les navires tout faits dont elle pourrait avoir besoin à l’occasion, que d’entretenir éternellement des arsenaux pour n’y construire qu’un, deux ou trois navires par an ; et je crois que ces arsenaux ne servent plus qu’aux réparations. Mais jonques ou frégates à vapeur, toute la marine n’est, comme dans le passé, qu’une dépendance du ministère de la guerre.

Puisque la Chine n’a pas de marine agressive, c’est qu’elle n’a pas de colonies extérieures. Elle n’en a jamais voulu. C’est un système. Jusqu’à il y a deux cents ans environ, il était interdit aux Chinois d’aller se fixer même dans les îles les plus voisines du littoral, telles que les Chusan, Haïnan. Ils y avaient des pêcheries et s’y installaient pour le temps de la pêche, mais leurs familles et leurs domiciles étaient sur le