Page:Eugene Simon - La Cité chinoise, 1891.djvu/318

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L’idée seule en semble ridicule. Que l’on suppose réunis autant d’orangers qu’un hectare peut en supporter, soit, et j’ai bien été contraint de le faire pour donner une idée quelconque des résultats obtenus ; mais que l’on rapporte le produit brut d’une plante à l’hectare, cela est tout aussi illusoire que de chercher à en dégager le produit net. La vérité est que mille arbres réunis ne rapporteront jamais autant que s’ils sont divisés par très petits groupes et surtout cultivés par des propriétaires différents. Il en est de cela comme du buffle de tout à l’heure : moins on en a, plus cela pèse.

Quant au prix de revient, c’est encore plus difficile. Allez donc évaluer des quantités infinitésimales comme les quelques instants qu’a demandés la cueillette des baies d’un arbre à huile, ou les deux ou trois minutes qu’il a fallu dépenser pour donner une cuillérée d’engrais à un pied de riz ou de blé au milieu d’un champ ; allez donc estimer des choses sans prix comme le goût et l’amour que l’on met à telle ou telle besogne ? Car enfin, c’est toujours la même chose ; on aime une brebis, on n’aime pas un troupeau ; je m’attache bien plus au tilleul planté devant ma porte qu’à tous les tilleuls de la forêt. Pourquoi les Chinois réussissent-ils si bien l’éducation du ver à soie du chêne que nous tentons en vain d’acclimater depuis vingt-cinq ans ? Parce que chaque famille n’en élève qu’une très petite quantité. Comment sont-ils arrives à préserver leurs récoltes du charbon, de la cuscute et d’autres parasites qu’ils ont même fini par