Page:Eugene Simon - La Cité chinoise, 1891.djvu/332

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Je vous vois surpris, cher lecteur ; croyiez-vous les avoir inventées ? Et leurs fées, leurs elfes, leurs korigans, etc. ? Il n’y a rien de nouveau sous le soleil, voyez-vous. Depuis que le monde est monde, ces choses-là hantent l’humanité. Sont-elles chinoises, sont-elles indiennes, sont-elles européennes, qui le sait et qu’importe ? On peut faire la même réflexion au sujet de leurs contes ? Si j’en avais la place, j’aimerais à vous en dire un qui a de bien singuliers airs de famille avec Ali-Baba et les quarante voleurs, des Mille et une Nuits. Voulez-vous une de leurs légendes ?

Vous saurez d’abord que le son des métaux a, pour l’oreille des Chinois, un charme extraordinaire. Un coup de gong donné au centre de l’instrument et dont les ondes gagnent la périphérie en passant par les cercles de grandeurs et de frappes différentes formés par le martelage savant auquel le fabricant l’a soumis, est pour eux une symphonie délicieuse. Les dernières vibrations se sont depuis longtemps évanouies qu’ils les écoutent encore et semblent les suivre dans l’air, où tout, formes et sons, hommes et choses, un peu plus tôt, un peu plus tard, finit par disparaître et se confondre. Le son des cloches, d’un effet plus puissant, provoque en eux des impressions de même nature si l’on veut, mais plus graves. Lorsque du haut des tours où elles planent elles l’envoient au large tomber lentement dans l’espace, la pensée s’élève et plane aussi. Ébranlée, émue de souvenirs d’on ne sait quoi, d’on ne sait où, ce ne sont