Page:Eugene Simon - La Cité chinoise, 1891.djvu/41

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publiée vers 1790 dans le quatrième volume des Mémoires concernant les Chinois, qui aurait dû faire monter le rouge de la honte aux inventeurs de la légende des petits Chinois. Mais cette légende rapporte à la Sainte-Enfance cinq à six millions par an, et il paraît qu’il est dur d’y renoncer.

Quant à moi qui ai passé dix ans en Chine, qui ai parcouru le pays du nord au sud et de l’est à l’ouest, je déclare qu’il n’a jamais été à ma connaissance qu’un infanticide ait été commis, soit dans les localités que j’ai visitées ou habitées, soit dans les localités voisines. Je ne dis pas cependant qu’il n’en ait jamais été commis et qu’il ne s’en commette jamais. Mais j’affirme que ce crime est beaucoup moins fréquent en Chine qu’en France, et que conclure d’un fait possible, mais accidentel ou involontaire, d’un enfant dévoré par un porc, à un fait habituel ou volontaire, est, je ne saurais trop le répéter, une abominable et infernale calomnie ; et en la stigmatisant d’une façon aussi énergique, je ne crains point d’être démenti par aucun des Européens qui connaissent la Chine autrement que par les racontars de gens superficiels ou intéressés. D’ailleurs il y a des faits, des faits matériels, qui démentent ces récits et qui, seuls, devraient les faire repousser si l’on se donnait la peine d’y réfléchir un peu. Et d’abord comment pourraient ils s’accorder avec l’augmentation incessante de la population chinoise ! Elle était de 360 millions en