Page:Eugene Simon - La Cité chinoise, 1891.djvu/69

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Chinois ne pensent pas que l’ignorance soit le meilleur moyen de conserver l’innocence, le plus grand de tous ces charmes ; mais ils s’efforcent de les faire naître d’autres sources, et il leur a semblé que la plus pure était le respect mutuel. En ne leur mentant jamais, en ne les trompant sur rien, ils leur prouvent le respect qu’ils ont pour eux ; la modestie est la forme de celui qu’ils en exigent. « Un enfant bien élevé, disent-ils, n’aborde le condisciple de son père que lorsque celui-ci l’appelle, ne lui parle que pour lui répondre et ne se retire que quand il le lui permet. Honorez comme votre père celui qui a le double de votre âge, et comme votre frère aîné celui qui a dix ans de plus que vous. »

Il n’y a donc pas entre les parents et les enfants autant de familiarité que chez nous, mais il y a plus de réelle égalité. On prend même soin de la constater par l’estime que l’on fait du jugement des enfants. On en provoque souvent l’expression ; et cette égalité les engage, sans même qu’ils s’en rendent toujours compte, à plus de respect envers eux-mêmes. Ce premier point obtenu, les autres objets de l’éducation sont, ainsi que les appellent les Chinois, l’humanité, la justice, l’obéissance aux rites et aux usages, la droiture et la sincérité. C’est ce qui constitue le fond de l’éducation. Ce sont ces sentiments qu’ils tâchent d’inculquer à la jeunesse et d’affermir à tous les âges : et ils estiment que le jeune homme chez lequel ils sont suffisamment développés, est mûr pour la famille et pour la cité, et qu’il possède toutes les