Page:Eugene Simon - La Cité chinoise, 1891.djvu/72

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cérémonial que tout le monde connaît et auquel ne manque rien du cérémonial des offices boudhistes ou chrétiens ? Invocations au ciel, prières, évocation, offertoire, méditation, génuflexions, chants et musique, tout cela n’est pas nouveau. En Chine, cela date de l’origine du culte, du commencement des siècles, pour ainsi dire. Une chose cependant est différente, c’est l’objet du culte. Dans le culte chinois, c’est, on l’a vu, l’humanité elle-même, c’est-à-dire ce qu’il y a en elle de spirituel et d’immortel : l’âme des ancêtres à laquelle se réuniront un jour celles des vivants, futurs ancêtres. Dans les autres religions, le sujet du culte est en dehors de la conscience ; dans le culte chinois, c’est la conscience elle-même ; on va en être absolument convaincu tout à l’heure. Quant au reste, la pensée est identique. Comment, en effet, pourrait-elle différer, lorsqu’elle s’élève jusqu’au même Dieu métaphysique ? C’est par là que commence l’officiant. Puis, pendant l’hymne des ancêtres, il évoque leur âme. « On sait bien, disait l’empereur Kang-Hi au légat du pape, le cardinal de Tournon, que les âmes des ancêtres ne peuvent pas venir habiter les tablettes ou les cartouches qui portent leurs noms, mais on tâche de se persuader qu’on est en leur présence. » On leur offre, on leur consacre différents objets : un pigeon, ou une poule, des fruits, du vin, des céréales, du riz ou du blé, suivant la région agricole où l’on se trouve. On peut même n’offrir que du riz ou du blé et du vin. Les