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pas seulement la preuve de son existence spirituelle et temporelle: c’est lui qui atteste seul l’état civil de chaque Chinois, car il n’y en a pas d’autre. Le livre de famille fait foi devant toutes les autorités, lorsque son témoignage est absolument nécessaire. Il n’y a pas, à mon avis, de signe plus noble et plus éclatant de l’émancipation et de l’indépendance de l’homme et du citoyen.

Aussi, pour ces diverses raisons, est-il tenu avec un soin qui dispense l’État de toute ingérence et de tout contrôle, je dirai même de tout intérêt, excepté celui qu’il a de connaître le nombre des familles et des individus.

Le livre de famille, que tout Chinois est appelé à posséder un jour, implique donc une certaine instruction. Il faut absolument savoir lire et écrire. C’est la première de toutes les conditions et le premier de tous les devoirs. C’est pour cela qu’on ne manque jamais, quand on le peut, d’annexer une école et une bibliothèque à la salle des ancêtres, qui devient alors un véritable temple entretenu à frais communs par les riches de la famille.

Je reviens à l’assemblée. Ayant ouvert le premier cahier, le père y inscrit les événements qui se sont produits. C’est alors que les mariages, s’il y en a, reçoivent du père et de la mère leur consécration, suivant des rites d’une grande solennité. Puis, prenant un autre cahier, il lit ou fait lire par l’un des assistants la biographie de l’un des aïeux. Il la commente, insiste sur