Page:Eugene Simon - La Cité chinoise, 1891.djvu/85

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lisations étrangères n’ont, en définitive, jamais abouti qu’aux échecs les plus constants.

C’est ce dernier point que je me propose d’établir d’abord très rapidement dans les pages qui vont suivre ; puis, je montrerai la signification, l’importance et le rôle du travail chez les Chinois. Enfin j’exposerai l’organisation du travail en Chine, ses moyens et son fonctionnement.


I


On est généralement persuadé en Europe que le bouddhisme est la religion nationale des Chinois, et l’on croit que cette religion a exercé, exerce sur les institutions et sur l’esprit de la nation l’influence que l’on est habitué à voir exercer par les autres religions sur les peuples qui les pratiquent. C’est une grande erreur. Le bouddhisme est, en effet, professé par l’immense majorité du peuple chinois, depuis l’Empereur jusqu’au paysan, mais ce n’est qu’à titre individuel, et il n’a aucune espèce d’action sur les institutions nationales. C’est une religion de détachement et d’abstention qui, avec sa croyance au salut individuel ou à l’absorption successive des âmes dans le Nirvânâ, n’aurait jamais pu inspirer ni l’idée de la solidarité absolue, telle qu’elle se manifeste déjà dans la famille chinoise et qu’on la verra se dégager de plus en plus, ni le régime de la propriété collective, fondement