Page:Eugene Simon - La Cité chinoise, 1891.djvu/98

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sières traces qu’ils ont laissées dans notre civilisation. D’ailleurs, il n’y a pas que des peuplades asiatiques qui aient envahi la Chine. De grandes puissances européennes s’en sont aussi mêlées. On sait que la Russie, entre autres, s’est annexée à différentes reprises d’assez grandes étendues de territoire au nord-est et au nord-ouest de l’empire chinois. Au nord-est ce ne sont guère que de vastes steppes à peine habitées par des tribus qui ne sont pas plus chinoises ou mandchoues que russes ou sibériennes. Ces annexions-là, la Russie les a conservées. — Mais dans les territoires où la Chine est installée depuis longtemps, où elle a ses colonies pénitentiaires, la Russie ne saurait l’entamer sérieusement. C’est que là elle se heurte à une force plus grande que celle de son despotisme et de ses armées, c’est qu’elle rencontre non seulement des hommes, mais des mœurs auxquelles elle ne comprend rien ou qui ne peuvent se concilier avec les siennes.

Quant aux Français et aux Anglais, les récents événements du Tonkin me dispensent de rappeler ceux de 1860. Malgré la supériorité de notre armée et de notre armement on sait de quel prix nous avons payé les succès obtenus sur les Chinois. D’où venait donc la résistance qu’ils nous ont opposée et contre laquelle nous aurions fini par nous briser ? Ni leurs ressources budgétaires, ni leur puissance militaire ne sont assurément comparables aux nôtres. Mais nous avions devant nous une muraille vivante, plus compacte et plus solide que