Page:Euripide, trad. Leconte de Lisle, I, 1884.djvu/186

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autrefois contre nous, je suis sorti volontairement de cette terre, laissant celui-ci régner dans la patrie pour une année, afin de posséder moi aussi la puissance à mon tour, et d’éviter ainsi d’en venir à la haine et au meurtre, et de causer ou de souffrir des maux qui s’accomplissent d’habitude. Mais celui-ci, ayant consenti et juré par les Dieux, n’a rien fait de ce qu’il a promis, et il possède seul la puissance et ma part des demeures. Et, maintenant, je suis prêt, si je recouvre mes biens, à renvoyer l’armée hors de cette terre et à gouverner ma demeure à mon tour, et à le laisser régner un temps égal, à ne point ravager ma patrie, et à ne point approcher les échelles des tours massives pour les escalader ; ce que je ferai si justice ne m’est point rendue. J’atteste les Dieux que j’ai agi avec équité, ayant été dépouillé de ma patrie contre tout droit. Telles sont simplement les choses, mère, sans paroles superflues, et qui doivent suffire, ce me semble, à tous les esprits, intelligents ou grossiers.

LE CHŒUR.

Bien que je n’aie pas été élevée dans la Hellas, il me semble, cependant, que tu as parlé sagement.

ÉTÉOKLÈS.

Si les mêmes paroles étaient belles et sages pour tous, il n’y aurait ni difficulté ni dissension parmi les hommes ; mais rien n’est semblable que les noms, et les choses diffèrent. Pour moi, mère, je parlerai sans rien cacher. Je voudrais aller jusqu’au lever des astres de l’Ouranos, et sous la terre, si je le pouvais, afin de posséder la Tyrannie, la plus grande des Déesses. Je ne veux donc pas, ô mère, céder un tel bien à un autre, mais plutôt le con-